Tour de Corse du Kallisté
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Jour 35 : lundi 19/08/2013

Albo - Centuri (23,900 km)

Levé à 6 heures 15 :

Au réveil, je ressens un peu de mal aux reins. Je regarde la mer : elle est calme et aucun rouleau ne vient perturber cet horizon étale. Pourvu que ça dure. Pendant que mon duvet sèche un peu, je vais faire un tour au village. Tout dort encore, quel calme surprenant.
Le bar est fermé lui aussi et je partirai donc sans petit déjeuner. La grande plage est déserte, excepté un pécheur qui prépare son bateau. C’était trop beau, les rouleaux commencent à apparaître en bord de grève. Il est grand temps de partir.

7 heures 40 : Le départ.
Au delà des rouleaux la mer reste belle et je quitte la plage sans difficulté. Je m’établis à une distance de 300 mètres de la côte et la longe, admirant le paysage qui défile sous mes yeux.
Peu après Albo, je passe la Marine de Canari aisément reconnaissable à son bâtiment d’usine désaffectée situé en hauteur le long de la route du Cap. Derrière elle, la montagne éventrée laisse voir les vestiges de la carrière d’où était extrait le minerai.
Au détour d’une petite pointe de terre, je découvre, un peu en hauteur et dominant la mer, ce qu’il reste d’un ancien couvent. Il a l’air en partie en ruine mais le soleil de face m’empêche de bien le voir. Néanmoins cette vision inattendue me réjouit et mon regard s’y accroche alors que je continue d’avancer. Arrivé Punta di Canelle, axant mon regard vers le Nord du Cap Corse, je devine distant de 15 km, l’îlot de Capense qui fait face à Centuri , dernier petit port de cette face du Cap. Je continue de suivre la côte et ne tarde pas à entrer dans la Marine de Giottani. Tout en approchant le rivage, je scrute la plage constituée de graviers et de galets. Elle ne m’attire guère et puisqu’il y a un petit port je préfère me diriger vers lui.

9 heures 20 : Giottani.
J’entre dans le port et accoste la rampe de mise à l’eau. Une fois le kayak arrimé et en sécurité, je vais vers le restaurant tout à côté et m’attable dans la salle pour un petit déjeuner : jus d’orange, chocolat chaud, beurre, confiture et petits Canistrelli. Pendant ce temps je mets mon smartphone à charger sur une prise de courant près de ma table.
Je suis le premier client et le personnel est en cours de nettoyage de la salle et de la terrasse. Ma collation terminée, je me rends sur la plage pour une petite visite. Je constate qu’elle est plutôt de gros galets et qu’ils encombrent aussi le bord de mer. L’accostage aurait été délicat pour la carène du Kallisté et mon option du port aura été la bonne.
Je visite ensuite le port, qui par sa taille minuscule dégage une impression d’intimité. D’ailleurs, il ne contient que de petits bateaux dont les tailles n’ excèdent pas 7 mètres. D’autre part, son entrée en épingle que l’on découvre au dernier moment, ne permettrait pas à des bateaux plus grands d’y entrer. Ensuite vient la visite de l’ unique rue du village, bordée par quelques maisons. Dans le port, quelques plaisanciers qui étaient en mer, rentrent pas crainte du coup de vent annoncé.
Je regarde l’horizon : la mer me semble calme. Il y a un peu de houle mais pas de moutons visibles au large. Je décide donc de ne pas attendre le mauvais temps ici et de reprendre la route.

11 heures 25 : En avant toute.
Me revoici en mer sur laquelle je glisse sans problème particulier. Je passe la Punta di Stintinu puis celle toute proche de Punta di Mare Morto. De là, j’aperçois plus distinctement l’îlot de Capense et même Centuri. Au dessus du village, bien en hauteur, le Moulin Mattei éclate de sa blancheur , et sur les crêtes proches, les éoliennes ressemblent à des soldats montant la garde.
Du milieu du Golfe d’Alisu, j’aperçois tout au fond de l’assez profond Golfe, ce qui ressemble à une plage. Je m’y dirige.

13 heures 15 : Alisu.
Il y a quelques galets noirs, mais c’est en fait une plage de sable en pente douce où l’accès ne pose aucun problème. Il y a pas mal de monde sur la plage et, à la vue de l’heure, me dirige directement vers la paillote : ce sera une simple salade (thon, maïs, tomates, œufs, salade verte). Vers 14 heures 45 le vent se lève un peu mais pas de moutons visibles au large.
J’estime Centuri à 1 heure 30 environ et il serait bon d’y arriver ce soir, avant d’amorcer demain le virage de la pointe du Cap Corse, si la météo le permet. J’envisage de me poser sur la plage de Mute, juste avant Centuri.

Note : Centuri offre l’abri d’un joli petit port de pêche dans lequel il est possible d’accoster à la rampe de mise à l’eau. On peut y faire des courses et se restaurer dans les nombreux établissements qui cernent le port. Cependant il n’est pas envisageable de bivouaquer en ce lieu. Aux abords de Centuri (coté Sud), il y a bien un ou deux minuscules points de sable, mais l’approche en kayak et rendu impossible par les nombreux rochers acérés qui les bordent à fleur d’eau. De plus, l’endroit est trop touristique pour espérer y dormir.

17 heures : Ça va se gâter.
Je décide de repartir, profitant qu’un bon Samaritain se propose de m’aider à tenir le kayak contre les forts rouleaux qui tapent la plage. Je m’élance, mais à peine une vingtaine de mètres faits, d’énormes vagues me viennent dessus, m’arrosent copieusement, me font valser sur leurs crêtes et emplissent le kayak. L’eau ainsi embarquée transforme l’hiloire en piscine et ne cesse d’aller d’un bord à l’autre, rendant le kayak instable et la navigation dangereuse.
Heureusement, il y a une petite plage sur la droite, toute proche. J‘y accoste pour écoper et éponger. Elle est mieux abritée et je peux la quitter sans trop de problème, cependant une fois l’abri passé, je dois de nouveau affronter de grosses vagues.

Passé le Capu Corvoli ça empire et je dois lutter fort contre les éléments furieux, les mains soudées à la pagaie pour ne pas la perdre. Je suis une route au large pour éviter d’être projeté sur la côte rocheuse par les ressacs. Le Kallisté monte et descend au gré des vagues de plus d’un mètre qui m’obligent à la plus grande des concentrations. Aucun bateau à l’horizon, je suis seul pour la valse à mille temps. Pas question que mon regard ne quitte l’étrave et l’arrivée de la prochaine vague pour admirer le paysage, ce n’est pas le moment.
L’île de Capense se précise, j’aperçois Mute sur ma droite. A l’approche de la plage, une grosse houle avec des vagues de parfois deux mètres me poussent sans ménagement vers le rivage.

18 heures 10 : Mute, enfin.
La plage est de galets et son rivage parsemé de bien plus gros, cachés sous l’eau, qui ne me prédisent pas une arrivée en douceur. Mais je n’ai pas le choix et ce n’est pas le moment de jouer les difficiles. Je réussis à monter le kayak sur la plage, assez haut à l’abri des rouleaux. Ouf ! Il était temps d’arriver.
Quelques maisons bordent la plage, mais ce n’est pas l’heure de visiter. Pour le moment j’écope et vide le kayak de son eau. Mute ne propose ni bar ni commerce mais sur la plage suivante, plus au Nord, j’aperçois une paillote. Je sors du village, longe un peu la route, traverse cette nouvelle plage de galets encore plus inhospitaliers  et atteins l’établissement où je peux enfin prendre un café. Le patron m’informe que tous les pêcheurs sont rentrés au port et me conseille de ne pas bouger demain, le mauvais temps étant annoncé. Une fois remis de mes émotions, je me rends à Centuri par la route (15 min à pieds).
Je connais très bien le lieu et j’y ai mes petites habitudes. Hélas, le restaurant où j’avais envisager de me rendre est complet. J’en choisis donc un autre tout proche : quatre huîtres en entrée, entrecôte grillée / frites et un gâteau à la semoule en dessert (25 €). Le restaurant se remplit peu à peu, il y a foule dans le port. Je profite d’être confortablement assis et d’avoir une connexion Internet pour mettre à jour mon blog.
Il est plus de 21 heures quand je quitte le restaurant, et je rejoins le kayak couvert par la nuit. Je remarque tout de suite que le kayak a été déplacé et se retrouve plus haut sur la plage. Sans doute une bonne âme, redoutant que la mer ne le taquine de trop près, l’aura mis ainsi plus en sécurité ?
A la lueur de la lampe frontale je déballe mes affaires et installe mon couchage près du kayak, parmi les gros galets. Ainsi couché j’entends les vagues frapper fort la grève, le ciel est menaçant et quelques gouttes de pluie tombent. Difficile dans ces conditions de trouver le sommeil. Vers 4 heures du matin, la pluie arrive vraiment. Je couvre l’hiloire du kayak, sors une deuxième bâche et m’en sers comme toiture de bivouac, recroquevillé dessous. Le duvet se mouille quand même un peu et je le place en boule sous moi pour le protéger au maximum. La pluie dure une trentaine de minutes et la nuit semble interminable. Je dors peu, mais au moins je n’ai pas froid, grâce à ma chemise en polaire. Vivement le lever du jour.

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