Nichiareto - Calvi (19,300 km)
Levé à 6 heures 30.
Tout est calme. La plage et la Baie sont désertes, excepté le Kallisté, toujours à sa place.
Le champ derrière moi est vaste et je m’y promène un peu, histoire de faire un peu de sport matinal (ne pas forcer quand même) et respirer à pleins poumons un air pur et vivifiant.
Pour petit déjeuner je me contente d’une barre de céréales aux figues et d’un peu d’eau. Tout cela est bien beau mais il faut songer à partir, et vu la configuration de la rive je sens que je vais avoir des problèmes.
Une solution s’impose à moi : construire une rampe d’accès à la mer.
Je récolte sur la plage cinq rondins de bois flottés, suffisamment longs et larges pour m’assurer de leur efficacité. Je les dispose parallèlement à la plage, espacés chacun de 50 cm, jusqu’à ce que le dernier baigne dans la mer, le long de la rive. La pente est raide et je les cale tous à l’aide de gros galets afin qu’ils ne bougent pas pendant la manoeuvre.
Je place le Kallisté par l’arrière, gouvernail levé, sur le premier rondin.
Note : Je présente le kayak par l’arrière afin de protéger le gouvernail lorsqu’il sera à l’eau. Si j’ avais fait la mise à l’eau par l’avant, une fois à l’eau, le gouvernail se serait trouvé en appui sur le dernier rondin ou les nombreux rochers de la rive, avec pour conséquence un grand risque de casse.
Je soulève le Kallisté par l’avant et le laisse glisser par l’arrière sur les rondins, doucement. Le système fonctionne bien.
Le kayak est à l’eau et moi aussi, sans casse. Maintenant il me faut monter à bord en me méfiant des ressacs. Alors que je suis sur le point d’embarquer, un gros rouleau arrive et bouscule tout, renversant le Kallisté qui se rempli d’eau. Je le retourne tout en luttant contre les rouleaux et en vérifiant de n’avoir rien perdu de tout le matériel accroché sur le pont.
Maintenant le Kallisté d’une main, j’écope de l’autre pour vider au mieux l’hiloire. Fort occupé à ma tâche, je n’ai pas vu qu’un peu plus loin, le propriétaire d’un voilier ancré dans la Baie, venait d’accoster avec sa petite annexe pour faire faire pipi à son chien. Il vient vers moi et me propose son aide. Pendant qu’il tient le kayak par l’arrière pour le stabiliser et protéger le gouvernail, je grimpe à bord et peux donner le premier coup de pagaie qui m’éloigne de cette rive peu hospitalère.
8 heures : je m’éloigne de la rive, coupant la Baie jusqu’au prochain Cap, puis direction la Punta Ricci avec pour objectif, la Grotte des Veaux Marins . La mer est moyenne, avec une houle de Sud-Ouest et des vagues de 1 mètre. Mais tout va bien, je gère.
La grotte en elle même me déçoit un peu. Je m’attendais à quelque chose de plus imposant. Je ne m’en approche pas trop et ne m’y attarde pas, me disant que la visite sera pour une prochaine fois. Je filme quand même un peu pour en garder le souvenir.
Cap vers Punta Bianca, puis Punta Rossa et enfin la Pointe de La Revellata surmontée de son phare et annonçant l’approche de Calvi. Ce phare visible jusqu’à 21 milles (+ 38 km) est automatisé et télécontrolé depuis Bastia. Il est équipé d’ un radiophare audible à plus de 100 milles (+ de 185 km).
La pointe passée, je fais Cap au Sud et aborde la première petite plage, dans le creux, à la base de la Punta di l’Oscelluccia.
10 heures 30 : je pose pied à terre après 2 heures 30 de mer. Il fait chaud, très chaud et pas d’ombre. D’un peu plus haut, en prenant un sentier, je peux voir Calvi, en face. Je me baigne pour me rafraîchir mais ne mangerai pas.
13 heures : départ pour Calvi.
Je ne pénètre pas dans le Golfe de La Revellata et le traverse au large. Un peu avant d’entrer dans le Golfe de Calvi, un vent de terre se lève. Il forme de courtes vagues venant en tous sens qui me promènent comme un bouchon.
Je passe sous la citadelle de Calvi, entre dans le port de plaisance et file tout au fond où je trouve la rampe de mise à l’eau. J’y accroche le kayak puis vais à la capitainerie les informer de ma présence et savoir si je peux rester là.
Il y a beaucoup de vent qui se ressent même en ville où je vais faire un tour, bien que la connaissant déjà. Je cherche un coiffeur, mais pas de chance, le seul en ville est fermé à cette heure ci. Je m’attable à la terrasse d’un bar pour boire une boisson fraîche puis fais quelques petites courses dans une supérette du centre ville.
Le vent souffle en rafales. Pas question de traîner ici. Il me faut repartir et trouver un lieu de bivouac pour ce soir.
Je quitte le port et longe la rive de la Baie. Les grandes plages de sable se succèdent, noires de monde. Très peu pour moi, je continue. J’atteins la partie Nord du Golfe et aperçois l’entrée d’un cours d’eau qui mène à un camping. Y aller ne me tente pas et je trace ma route jusqu’à trouver une grande plage de galets, déserte. Je cherche l’endroit le plus facile pour accoster et le trouve. Le vent souffle encore et une vague s’invite à bord, remplissant l’hiloire de vingt litres d’ eau.
J’écope une fois de plus, puis monte le kayak sur la berge.
Un promeneur vient vers moi et m’informe de l’existence un peu plus loin, d’une très jolie petite plage de sable. Le seul bémol est que le train s’arrête tout près, et de ce fait elle est bondée de monde. Jolie plage sans doute mais peu compatible pour un bivouac, trop fréquentée. De plus, la forte houle et le vent incessant ne m’incitent pas à reprendre la mer, et il est déjà 17 heures 10. Je reste donc ici, j’y serai plus tranquille.
L’arrière de la plage est très boisé et respire le calme. Je crains néanmoins d’être bloqué un ou deux jours si la météo ne s’améliore pas.
Le dîner sera léger : un bout de fromage et du chocolat. Le soleil se couche et je prépare mon couchage près du kayak, sur les galets. La nuit arrive et le vent tombe vers 20 heures, une bonne nouvelle.
De ma couche je peux voir Calvi et sa citadelle illuminée.
Au dessus de ma tête, un avion fait son approche d’atterrissage. Je découvre que je suis juste dans l’axe de la piste de l’aéroport.