Tour de Corse du Kallisté
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Jour 30 : mercredi 14/08/2013

Calvi - Plage Bodri (17,700 km)

Levé à 6 heures 15 :
La nuit a été correcte bien que par moment je sentais un vent frais venir jusqu’à moi. Avoir des galets pour sommier n’est pas ce qui se fait de mieux pour le confort, mais avec mon matelas gonflable ça reste acceptable, dans la mesure où l’on a pas le dos trop sensible.
Je regarde la mer aussi loin que mon regard puisse porter : elle est calme. La météo semble s’être trompée car il n’y a plus de vent, si ce n’est un léger souffle. Le temps de faire sécher mon duvet humidifié par la nuit, je prends un ersatz de petit déjeuner : quelques gorgées de lait concentré sucré à même le tube et une barre de céréales aux figues. Je consulte ma carte étape du jour et estime pouvoir atteindre Sant’Ambroggio en 2 heures 30, puis continuer jusqu’à Algajola.

9 heures : C’est parti… mais où ai-je la tête ?
Le kayak mis à l’eau, je mets mes gants et mon chapeau et au moment d’embarquer je cherche mes lunettes.
Mais où Diable sont-elles ?
Je me souviens les avoir mises sur le pont du kayak en rangeant mes sacs, mais j’ai beau chercher je ne les trouve pas.
Je regagne la plage pour inspecter mon lieu de bivouac… rien, pas la moindre paire de lunettes en vue. Un instant de panique m’envahit. Seraient-elles tombées à la mer pendant ma manœuvre ? Je cherche encore pendant deux interminables minutes avant de réaliser que… je les avais sur le nez. Ouf !

Je coupe la Baie Algajo, filant vers la Punta Spano où je passe entre elle et l’île Spano. Ce passage me plait beaucoup. C’est un ravissement pour les narines. Frôlant les rochers, ça sent fort l’iode et présage la présence de Violets et d’oursins. Je respire profondément plusieurs fois pour m’imprégner de cet odeur et l’emmener avec moi, le plus loin possible.

Je vire ensuite à droite pour suivre la côte jusqu’à la Punta di Sant’Ambroggio puis entre dans sa marine. J’y croise de nombreux ados en kayaks de plage du Club Med, se suivant sur une mer limpide.

10 heures 40 :
Je me dirige vers le port de plaisance de Sant’Ambroggio et amarre le Kallisté à la rampe de mise à l’eau. Je réalise avec plaisir que j’ai fait ce parcours en 1 h 40 au lieu des 2 h 30 prévues. Ma vitesse ayant été de 4,8 km/h, j’en conclus que mon estimation était trop pessimiste. Ce port me plait avec ces nombreux beaux bateaux, certains étant très gros et luxueux.
Une fois le Kallisté en sécurité, je file à la capitainerie pour les formalités habituelles. La femme qui m’accueille est d’abord étonnée d’apprendre que je suis rentré dans le port en kayak, « C’est interdit » me dit-elle… « les gros bateaux ne vous voient pas et pourraient vous couper en deux ».
Sur ce, elle contacte son responsable par téléphone pour savoir quoi faire. Il m’a vu entrer dans le port et m’amarrer à la rampe. Il n’y a aucun problème à ce que je reste là. Je discute encore avec la réceptionniste qui apprenant mon projet me dit que je suis fou. Elle m’informe sur les prévisions météo, me disant que le temps va se gâter et qu’aux dires des plaisanciers qui viennent s’abriter dans le port, la mer est déjà forte au large. Je prends congé pour ne pas être trop envahissant et vais visiter le port.

Je m'installe à la terrasse d’un bar et me rafraîchis d’une menthe à l’eau suivie d’un café. Je continue ensuite ma promenade parmi les nombreux commerces présents dans le port : Supérette, boulangerie, traiteur, bars, restaurants, et… un coiffeur (hommes/femmes).

12 heures : J’entre dans le salon de coiffure. Ils sont complets mais après discussion, une coiffeuse accepte de s’occuper de moi. J’apprends qu’elle a des parents qui habitent la Haute Corse, tout près de chez moi. Après coupe des cheveux et des sourcils il me semble retrouver une apparence humaine. Je m’acquitte des 19 € de ma remise à neuf (moins cher que mon coiffeur habituel) et la remercie de son sympathique accueil.
Direction la grande terrasse du resto d’à côté "les Mille Sabords". Il fait très chaud mais un parasol sur ma tête agrémente mon confort. Je profite de cet instant de repos pour commencer par une mauresque qui m’est servie avec de très bonnes olives vertes et noires, aux herbes. Pour la suite je ferai simple : entrecôte grillée aux herbes du maquis, frites et café. Je termine rassasié pour 24 €. Un bon service, un bon accueil et un cadre des plus agréables. Que demander de plus ?
En quittant le restaurant, je passe devant une table où je retrouve la femme de la capitainerie accompagnée d’amis. Elle leur raconte mon projet en insistant sur son coté "en solitaire" et me souhaite bonne chance pour la suite.

14 heures 30 : le départ.
Je traverse le port de plaisance en faisant bien attention à ce que les gros bateaux que j’y croise ne me mangent pas et me retrouve bientôt au large, en sécurité. Je file tout droit vers la Punta San Damiano. La Punta passée, la jolie petite fortification de la vieille ville d’Algajola se dévoile, les pieds dans l’eau sur son écrin de roches. Une jolie carte postale qui me ravit autant qu’elle me surprend.
Alors que je glisse devant cette miniature, je me questionne : accoster ici ou pas ? En face, dans le creux de la anse, une longue plage occupée par la foule des vacanciers. Plus loin, une autre plage, plus petite.
Je n’ai rien de particulier à faire à Algajola… je continue et me décide pour la petite plage, moins peuplée.
Je passe la Punta di Varcale et entre dans la Baie de Fornello.

15 heures 40 : j’accoste sur une petite plage de sable grossier mais facile d’accès. Je prends un peu de repos et analyse la situation : J’ai fait de petites étapes ce jour et il est bien tôt pour arrêter ma journée. De plus je me sens en forme : je continuerai donc.

16 heures 30 : départ.
Je double la Punta di Vallitone et atteins la Baie de Vignola. Là, frôlant un haut fond, une vague se brise sur lui et m’arrose copieusement, finissant sa course au fond de l’hiloire. Le Kallisté danse au dessus des vagues et je m’efforce d’éviter le contact avec les rochers à fleur d’eau.
A vue, deux plages se présentent. La plus proche, au Sud (Baie de Giunchetu), est la plus grande et est très fortement fréquentée. La seconde, plus au Nord (après la Punta di Ginebre), est plus petite et il me semble y deviner la présence d’une buvette ou d’un restaurant de plage. J’opte pour elle, qui offre en plus l’avantage d’être plus proche d’Île Rousse dont j’aperçois la pointe.
Je me dirige vers la partie gauche de la plage, moins peuplée, mais où il y a les plus gros rouleaux. J’approche la rive prudemment en essayant d’éviter les baigneurs. J’accoste et débarque du kayak. Alors que je m’apprête à hisser le kayak sur la plage, un gros rouleau le frappe et le met de travers. Un autre rouleau arrive aussitôt et le retourne. Comme si j’avais besoin de ça !
Me voici de nouveau obligé d’écoper pour vider l’hiloire plein d’eau. Si ça continue je vais devenir le Roi de l’écopage.
Je suis sur la plage Bodri. Une large plage de sable très fin, bordée d’un camping (Le Bodri) qui explique qu’elle soit bien peuplée, avec me semble t-il, beaucoup d’Italiens.

Il est 17 heures 15 :
Je pense que le soir venu, quand tout ces bruyants occupants auront regagné le camping, celle plage fera un bon bivouac.
J’investis le bar-resto de la plage, le "Sindbad" (j’avais bien vu du large) et me désaltère d’une menthe à l’eau et d’un café. Je confie mon smartphone au serveur pour en recharger la batterie qui en a bien besoin.
Qu’il fait bon de s’asseoir sur une vraie chaise, accoudé à une vraie table et y boire un bon café.

L’accueil étant sympathique, je dînerai ici ce soir. Ce sera moules marinières, frites et café (15 €).
De ma table je peux contempler le soleil se coucher et la plage se vider. Un peu de vent se lève, obligeant de fermer les baies vitrées du restaurant. Pas de panique, je verrai bien demain ce qu’il en est du temps.
Au loin, le phare d’Île Rousse a allumé ses feux.
Je regagne ensuit le kayak et installe mon bivouac juste derrière lui. La nuit promet d’être paisible.
 

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