Tour de Corse du Kallisté
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Jour 16 : mercredi 31/07/2013

Agulia - Cupabia (26,600 km)

Levé à 6 heures et petit déjeuner.

Je monte en haut du chemin de randonnée pour prendre de la hauteur afin d’avoir une vue sur le large et me faire une idée de l’état de la mer. La houle est longue mais peu dangereuse. Il n’y a pas de vent. Mon regard fait un tour panoramique, de l’horizon bleu à l’intérieur des terres. Tout est calme et serein. Devant un tel décor je ressens une impression de plénitude, presque d’éternité.
C’est si beau.

Je regagne la plage. Jean-Louis vient de relever ses postes en mer qu’il a posés hier soir. La pêche n‘est pas miraculeuse. Seul un petit Congre s’est laissé prendre. Le reste des lignes a été cassé par des Murènes ou de gros Congres.

Je fais mes adieux à Daniel qui est sur la plage et j’embarque sur le Kallisté. Il est 8 heures lorsque je donne le premier coup de pagaie. Alors que je m’élance, deux kayaks entrent dans la baie et accostent la plage. Ils viennent de Campomoro.

Je glisse près du voilier. Jean-Louis et Annie sont sur le pont et me prennent en photo. Nous nous saluons d’un signe de main et je m’éloigne vers ma nouvelle étape. Cap au large. La houle est longue mais tout à fait navigable.

Mon but : rejoindre Campomoro en 2 h 30 environ. Je navigue très au large et de ce fait je distingue mal la côte. Sur ma droite je devine une Tour surplombant la mer. Est-ce celle de Campomoro ? Je ne pense pas. Il n’y a qu’une heure que je navigue et j’avais estimé son approche à 2 h 30. De plus je suis déjà venu à Campomoro à moto par la route et je suis persuadé que j’en reconnaîtrai la Tour si caractéristique.  Cependant je suis trop au large pour bien la voir. Un énorme Yacht se dirige vers elle et disparaît bientôt de ma vue, perdu dans la brume. Si un si gros bateau entre dans cette profonde baie c’est qu’il doit bien y avoir un mouillage ou un port conséquent pour l’accueillir ? Bizarre.

Je m’entête sur mon estimation de temps : 1 heure pour 2 heures 30, non ce serait trop rapide, ce ne doit pas être la Tour de Campomoro. Tel Ulysse, serais-je victime du chant des sirènes qui trouble mon esprit ? Au loin, devant moi, je distingue une autre Tour et conclus que ce doit être elle, la Tour de Campomoro. Je m’y dirige donc, persévérant dans ce qui se révélera être une erreur.

Mon fessier me fait mal, même très mal. Habituellement cette douleur arrive au bout de deux heures de navigation et me sert de baromètre pour estimer mon temps en mer. Me serais-je trompé en regardant l’heure ? Etrange et surprenant.

Je me trouve à ce que j’estime être le milieu de la baie (mes relevés ultérieurs sur la carte montreront que j’étais à 11 km du fond de la baie). Cette seconde Tour est trop loin, j’ai trop mal aux fesses pour continuer vers elle. Je change donc de cap et me dirige vers la côte. Il faut que je m’arrête pour me décontracter. Le problème avec la douleur c’est qu’on ne finit à ne penser plus qu’à elle et on pagaie mal, cherchant tant faire se peut à modifier son assise pour la soulager.

Pour couronner le tout ma plante de pied droit me fait aussi mal. Je dois avoir un gravillon dans ma sandale et ça n’arrange pas les choses.

Enfin la côte approche. Elle n’est que rochers où il ne m’est pas possible d’accoster. Je la longe vers la droite car j’y aperçois des habitations et des voiles. Bientôt je distingue nettement les baigneurs, la plage plus au fond, bondée de monde. Alors que des yeux je cherche un endroit où accoster, j’entends dans mon dos une voix m’interpeller « Salut le Kallisté ! ». Je me retour et reconnais, sur son petit kayak, le randonneur rencontré il y à deux jours à Cala Agulia. Je lui demande quel est ce lieu et il me répond « Porto Polo ».
J’ouvre de grands yeux étonnés. J’ai donc largement dépassé Campomoro, traversé toute la baie et je réalise que le gros yacht aperçu plus tôt se dirigeait vers Propriano, dans la baie, au Nord de Campomoro.

Il est midi et j’ai donc fait tout ce long trajet en 3 h 10. Mon baromètre fessier s’avère être un bon étalon. J’avais largement dépassé les deux heures de navigation. Le kayakiste m’indique un endroit de la plage (à coté du petit port) où accoster. Je le suis et nous hissons nos embarcations au sec.

Il réside ici et me fait une petite présentation du lieu, m’indiquant où se trouve l’épicerie Spar (le long de la route) pour mes besoins de ravitaillement. Il me quitte et de mon côté je prends la direction de l’épicerie pour faire quelques courses.

Je reviens ensuite sur la plage et m’installe à la table d’un restaurant d’où je peux voir le Kallisté. Un grand verre de menthe à l’eau bien fraîche pour me remettre de mes émotions, et je déjeune : (salade Corse, escalope pommes frites et café). Ça fait du bien.

Je repars à 17 heures, passe la pointe de Porto Polo, en fais le tour et accoste la petite anse, derrière, sur une plage faite de galets et de rochers. J’y reste une demi-heure avant de reprendre la mer pour la baie de Cupabia où je pense finir l’étape du jour.

En approche de Cupabia , j’ai devant moi une longue plage de sable blanc et fin et une eau transparente.

La plage est coupée latéralement par un long rocher qui la traverse, de son haut jusqu’à la mer, la transformant ainsi en deux plages.
Il faut faire un choix.

Je choisi d’aborder la plage de gauche, plus petite mais moins fréquentée que celle de droite qui présente une paillote en son centre.
Le kayak mis au sec sur la berge, je remarque un peu plus loin sur le même bout de plage que moi, un dériveur déjà au sec, ayant tout en haut de son mât, deux bidons en plastique attachés. C’est bien celui des jeunes Bretons rencontrés à Tivella il y a quatre jours. Je vais les saluer et leur offre un verre à la paillote, traversant pour s’y rendre, le rocher qui sépare les deux plages.

J’ai bien mangé ce midi et n’ai pas faim. Je ne dînerai pas ce soir.

La nuit arrive et j’installe mon bivouac près du kayak. Le ciel est étoilé et la nuit fraîche.  J’ai une très belle vue sur la baie et la Tour Capannella qui la domine. On dirait une Tour d’échiquier.




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